« Le manteau impérial » – Victor Hugo

Qui ?

Est-ce vraiment besoin de présenter Victor Hugo, vu la place centrale qu’il occupe dans la littérature française et notamment celle du XIXe siècle ?

Hugo a écrit de tout : poèmes, romans, discours politiques (il était engagé politiquement auprès de Louis-Philippe), nouvelles et j’en passe. D’une famille aristocratique, il est élevé dans le respect et le culte de la monarchie. Cependant, à la mort de sa mère, le jeune Hugo s’ouvre l’esprit à d’autres formes de régimes. Devenu fervent défenseur de la démocratie, il aura ces mots

Là où la connaissance n’est que chez un homme, la monarchie s’impose. Là où elle est dans un groupe d’hommes, elle doit faire place à l’aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie.

Il est député lors de la Révolution de 1848, mais réprouve la répression sanglante de celle-ci. Il fonde le journal L’Evénement et soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte. Fervent défenseur de la démocratie, il ne peut que réprouver le coup d’Etat de 1851 et s’exile. Lors de cet exil, il publie ses pamphlets les plus violents contre le nouvel empereur français. Victor Hugo ne rentrera en France qu’à la fin du Second Empire, c’est-à-dire 20 ans après le coup d’état.

Ps : dans cette présentation, je ne m’attache pas à parler du reste de sa vie, des événements qui l’ont jalonnée (notamment la mort de sa fille Léopoldine) ni de ses autres oeuvres. Le poème suivant étant très engagé politiquement, j’ai décidé de ne montrer que l’esprit politique de Victor Hugo.

Quoi?

« Le manteau impérial » est publié en 1853 dans Les Châtiments, recueil de poèmes satiriques, écrits suite au coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte et de l’exil de Hugo. Dans ce recueil, dont le fil rouge est « le châtiment, « l’expiation du crime », Hugo dénonce deux actes : le coup d’Etat et le régime qui s’en suit.

« Dans la cérémonie du sacre, les rois de France portaient un manteau de velours bleu brodé de fleurs de lis d’or. Napoléon Ier adopta le manteau rouge brodé d’abeilles d’or. Napoléon III aurait voulu que le papa vînt le sacrer, lui aussi, mais la négociation échoua. Il reprit du moins pour emblème de l’Empire les abeilles symboliques de l’ctivité du peuple français » – Les Châtiments, Classiques Larousse.

Oh! vous dont le travail est joie,
Vous qui n’avez pas d’autre proie
Que les parfums, souffles du ciel,
Vous qui fuyez quand vient décembre,
Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre
Pour donner aux hommes le miel,

Chastes buveuse de rosée,
Qui, pareilles à l’épousée,
Visitez le lys du coteau,
O soeurs de corolles vermeilles,
Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau !

Ruez vous sur l’homme, guerrières !
O généreuses ouvrières,
Vous le devoir, vous la vertu,
Ailes d’or et flèches de flamme,
Tourbillonnez sur cet infâme !
Dites-lui : « Pour qui nous prends-tu?

« Maudit ! nous sommes les abeilles !
Des chalets ombragés de treilles
Notre ruche orne le fronton;
Nous volons, dans l’azur écloses,
Sur la bouche ouverte des roses
Et sur les lèvres de Platon.

« Ce qui sort de la fange y rentre.
Va trouver Tibère en son antre,
Et Charles Neuf sur son balcon.
Va! sur ta pourpre il faut qu’on mette,
Non les abeilles de l’Hymette,
Mais l’essaim noir de Montfaucon ! »

Et percez-le toutes ensemble,
Faits honte au peuple qui tremble,
Aveuglez l’immonde trompeur,
Acharnez-vous sur lui, farouches,
Et qu’il soit chassé par les mouches
Puisque les hommes en ont peur !

Petite info en passant : Pour ceux qui me lisent et qui vivent en région parisienne, La Maison de Victor Hugo (Place des Vosges, dans le 4e arrondissement de Paris) organise, du 26 mars au 4 juillet 2010, une exposition d’oeuvres liées au recueil « Les Orientales ».


Courez-y !

Un commentaire »

  1. Hello.
    Un court passage pour vous dire la bonne et surtout heureuse année 2011 !
    Plein de bonnes choses


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